La Grande-Bretagne aux petits soins
L’an dernier, Gordon Brown, Premier ministre anglais, s’adressait à la communauté musulmane pour lui adresser ses voeux à l’occasion du hajj. Dans un court communiqué de presse, le chef du gouvernement britannique a rappelé que la Grande-Bretagne est le premier pays occidental à proposer à ses ressortissants musulmans ce que l’on appelle communément une « bi’ta« .
Approximately 25,000 British Muslims travel to Saudi Arabia for the annual Pilgrimage of Hajj. I am proud that the UK Government was one of the first in the Western World to send a Hajj delegation to Saudi Arabia to provide British Hajis with consular and medical services.
This period is of course a time of deep personal reflection but it is also a time of great celebration. I wish Hajj Mubarak to all of the pilgrims and Eid Mubarak to you all.
Une « bi’ta », c’est la représentation sur les lieux du hajj d’un pays. A l’instar des consulats, des ambassades et de tout organisme étranger basé dans un pays tiers, chaque bi’ta a vocation à répondre aux besoins des ressortissants du pays concernés qui se rendent en pèlerinage à La Mecque. C’est ainsi que les bi’ta en Arabie saoudite ont leur propre centre de soins, leurs équipes médicales envoyées par le gouvernement, mais tout un personnel administratif chargé de s’occuper des pèlerins.
C’est à la bi’ta britannique que Gordon Brown faisait référence dans son communiqué. La France, qui pourtant compte trois fois plus de musulmans que la Grande-Bretagne, n’a pas de bi’ta. Ainsi, en cas de problèmes de santé, par exemple, les pèlerins français, ceux s’étant rendus en Arabie saoudite avec leur passeport français, se rabattent sur des bi’ta étrangère, comme la bi’ta algérienne ou se rendent dans un hôpital saoudien, public ou privé.
La France gagnerait à établir sa propre bi’ta
Près 30 000 pèlerins résidents en France ou citoyens français effectuent chaque année leur pèlerinage sur les lieux saints de l’islam. Si la France se préoccupe généralement bien de ses ressortissants à l’étranger (sécurité, santé, etc.), s’agissant du hajj, elle n’a pas jugé bon, contrairement à bien d’autres pays, de mettre en place une représentation lors du pèlerinage. Une bi’ta, outre le fait qu’elle permet de faire bonne figure auprès des autres pays, procède de l’engagement de l’État français dans le domaine de l’accompagnement et de la protection de ses citoyens en terre étrangère. Rappelons que le hajj est l’un des déplacements de population, vers un tout petit territoire, des plus importants au monde dans un tout petit territoire.
Dans les faits, un nombre important de binationaux partent au hajj, non pas avec le passeport français, mais avec le passeport de leur pays d’origine (turc, marocain, tunisien, algérien, etc.) pour une raison simple : alors que l’Algérie, le Maroc, la Turquie, etc. offrent des services liés à leur représentation sur place, la France n’a pas de bi’ta : un pèlerin français qui se trouverait en difficulté ne pourrait pas être aisément pris en charge.
Or, outre l’intérêt direct et évident pour les pèlerins sur place, une bi’ta française en Arabie Saoudite serait une souche fertile pour renforcer le dialogue avec le royaume saoudien dans l’assouplissement des contraintes relatives à l’accréditation des agences de voyages françaises désireuses de travailler dans le marché du hajj. Outre l’assainissement immédiat de ce marché, la France permettrait ainsi une véritable structuration dans l’organisation du hajj dans l’Hexagone. Les pèlerins y trouveraient alors rapidement leur compte, puisqu’on peut penser que la mise en concurrence des agences accréditées pour organiser le pèlerinage à La Mecque fera baisser singulièrement les prix. La hausse anormale des prix constatées ces trois dernières années – les tarifs des prestations ont doublé – deviendrait alors un lointain souvenir.
Bonjour,
idée intéressante certes mais qui me paraît inconcilable a priori avec la séparation de l’église et de l’état (loi de 1905), ce financement étant à vocation religieuse. Ceci dit cela ne doit pas représenter une somme déraisonnable et dans un souci de service public il ne serait pas aberrant de proposer cette bi’ta.
Par ailleurs dans un souci de transparence pourriez vous expliciter « contrairement à bien d’autres pays » ? je ne suis pas sûr que, Royaume Uni excepté, beaucoup de pays de tradition chrétienne proposent ce genre de services sinon la liste aurait sans doute était indiquée in extenso.
Enfin juste pour clarification les ambassades n’ont pas vocation à proposer de formalités administratives aux résidents à l’étranger mais à représenter l’état, ce sont les services consulaires de l’ambassade qui remplissent cette fonction
Bonjour,
Que perdrait la France à faire figure d’avant gardiste avec le peu de pays de « tradition chrétienne » dans ce genre de projet ? Nous pensons au contraire que c’est un défi gagnant-gagnant. Quoique je pense qu’il serait préférable de rester sur le terrain de la loi et des principes plutôt que de flirter avec les traditions pour de tels projets, qu’il faudrait plutôt regarder avant tout comme des projets normaux, rationnels invitant à la prise en compte de ressortissants constituant et faisant partie intégrante de la France.
Des solutions existent pour ne pas léser les principes de séparation,ni les opinions, ni les pays d’origines, et seront présentées au fur et à mesure si Dieu veut.
Le financement n’est pas à vocation religieuse mais citoyenne si l’on regarde au travers du prisme des résultats bénéfiques pour tous.
En effet les ambassades ne s’occupent pas vraiment de formalités administratives, ce sont il est vrai les consulats. Merci de le préciser.
Ceci étant toutes les ambassades ont des liens inexorables, parfois organiques avec les bi’ta existantes ainsi que les consulats. Tout ce beau monde est lié et relié.
Cordialement,